Il m’arrive d’ouvrir certains livres avec le sentiment d’entrer dans une maison inconnue, comme par effraction. L’Intranquillité de Marion Muller-Colard en fait partie. Il y a bien sûr une curiosité joyeuse à découvrir la pensée d’une auteure dont j’aime l’écriture claire et poétique, et que je suis, non sans avidité, à chacune de ses publications, depuis l’Autre Dieu jusqu’au Complexe d’Élie pour ne citer que deux ouvrages récents, remarqués et remarquables. Marion Muller-Colard n’est pas seulement théologienne, ce qui n’est qu’un titre ; elle est écrivaine, ce qui pour ma part relève de la qualité.
Que l’on ne se méprenne pas sur mes propos : Marion Muller-Colard nous parle bien de Dieu, mais elle ne l’aborde pas comme le ferait un membre de la faculté, avec un enseignement morgue. Non, elle nous parle d’un Dieu (car nous ne faisons jamais que de parler d’un Dieu en voulant parler de Dieu) qui s’ancre au plus près de la réalité de ce que nous sommes, de ce que, en reprenant Malraux, nous pourrions appeler la condition humaine, et qu’elle nomme intranquillité.