Dans cette rubrique, nous allons faire la connaissance de l’un ou l’une d’entre nous : pasteur·e·s, diacres, pionniers, membres actifs de nos paroisses. Et pas seulement ce qui concerne leur travail pour l’Église Protestante Unie de Belgique, mais l’humain derrière la personne. Ce qui l’inspire, ses activités, sa façon de combiner vie professionnelle et vie privée.

Pour cette première fois, nous avons rencontré Lianne de Oude, pasteure à Hasselt, mais aussi épouse, mère et grand-mère depuis peu.

RELIEF : Lianne, d’où viens-tu ?

Je viens d’une famille croyante et aimante. L’Église et la foi, mais aussi la communauté locale, étaient très importantes chez nous. C’est une foi profonde que mes parents nous ont transmise par l’exemple, à mon frère, ma sœur et moi.

Est-ce que cela a influencé ta vocation de pasteure ?

Bien sûr ! Quand j’étais enfant, j’avais souvent de profondes conversations sur la foi avec ma grand-mère. Quand j’avais 10 ans, nous avons déménagé en Belgique. À l’école, j’ai suivi les cours de religion protestante, où j’étais souvent seule en classe. J’ai eu comme cela l’occasion de poser mes questions existentielles au professeur. Je trouvais très important que les professeurs accueillent mes questions de façon positive et ouverte.

Toi aussi, tu t’investis beaucoup pour les enfants et les jeunes de l’Église aujourd’hui.

Oui, je trouve très important que les enfants et les jeunes soient pris au sérieux dans l’éducation religieuse assurée par l’Église. Moi-même, dans le temps, j’ai beaucoup reçu du travail d’Op Vrije Voeten (un ancien ministère jeunesse de l’ÉPUB). Lors de week-ends et d’activités, j’ai rencontré des personnes avec qui dialoguer, des responsables qui étudiaient la théologie et qui sont devenus plus tard des amis. À eux aussi, je pouvais poser mes questions. Ces conversations m’ont beaucoup construite dans ma foi.

Toi-même, à un moment, tu t’es mise à la théologie.

Je me suis inscrite à la Faculté Universitaire de Théologie Protestante de Bruxelles parce que les étudiants en théologie rencontrés lors de ces week-ends sont devenus mes amis.

J’avais suivi une filière scientifique et j’étais toujours intéressée par les questions du style « d’où venons-nous ? », « où allons-nous ? », « qu’y a-t-il à la fin de l’univers ? », bref, « quel est le sens de la vie ? ».

J’ai commencé mes études universitaires de manière très scolaire et je me suis demandé ce que j’étais en train de faire. J’ai pris un congé sabbatique pour travailler comme serveuse dans une station de ski en Suisse. Pour la première fois, je me suis confrontée à la réalité du monde et j’ai commencé à me demander ce que j’allais faire. Par moments, j’étais très seule, mais ça m’a aussi rendue autonome. J’étais loin de la protection chaleureuse de ma famille, perdue là-haut dans les montagnes, et j’ai fait la connaissance de personnes qui n’avaient pas de bonnes intentions pour moi.

À mon retour en Belgique, j’ai repris les études, non plus d’une manière scolaire, mais forte de mon vécu. À côté de mes études, j’ai aussi commencé à travailler. J’étais aussi devenue active dans le travail de jeunesse international œcuménique. À cette époque, le Mur (de Berlin NDLR) était encore debout et nous sommes souvent allés en R.D.A. (Allemagne de l’Est). Cela m’a beaucoup impressionnée et construite.

Comment te décrirais-tu ? Quelle personne est Lianne, qui es-tu devenue ?

Je suis vraiment une humaine parmi les humains : j’aime être en contact, être entourée. Si je suis seule trop longtemps, je me sens mal dans ma peau. Je suis motivée. J’aime bien donner de mon temps pour les personnes en difficulté et pour la jeunesse. Les jeunes, c’est l’avenir !

Toi-même tu as deux filles qui n’habitent plus à la maison.

Mes filles sont indépendantes. Elles sont heureuses, l’une avec un Mexicain, l’autre avec un Chilien. Ce sont des crèmes d’hommes, je les aime beaucoup. Bien sûr, c’est dommage que mes filles habitent si loin (Allemagne et Chili, NDLR), mais ce qui nous relie est plus fort. Et nous avons WhatsApp et Skype ! Mais de temps en temps, je suis triste qu’elles ne soient pas plus proches. Depuis peu, je suis grand-mère.

C’est beaucoup : épouse, mère, grand-mère ! Comment concilies-tu cela avec ton ministère de pasteure ?

J’aime mon métier. Je le fais de tout mon cœur et de toute mon âme. Mais souvent, les gens de ma communauté me disent que je suis un peu la mère de la paroisse. Au premier plan, je suis mère. Mais dans le sens du Prophète Khalil Gibran : Vos enfants ne sont pas vos enfants. Mais aussi : Tous les enfants sont nos enfants. Nous sommes responsables de chacun à travers l’éducation, la transmission et le partage de la foi.

Tous mes rôles se mélangent. Je n’ai pas vraiment cloisonné les choses. J’essaie de dégager du temps pour ma vie privée, pour mes filles et pour mon mari.

Reste-t-il du temps pour toi ?

Je fais du fitness trois fois par semaine pour rester en forme. J’aime aussi faire du vélo, j’en fais beaucoup, notamment pour rendre visite aux gens. J’aime aussi nager. Je prends des cours d’espagnol pour pouvoir discuter avec mes gendres et leurs familles puis, plus tard, avec mes petits-enfants. Mais je le fais aussi pour m’entraîner les neurones 😉

En faisant du sport régulièrement, j’équilibre mon énergie. C’est une soupape, indispensable pour tout faire.

Malheureusement, ce n’est pas souvent, mais j’aime aussi peindre, dessiner et pratiquer l’aquarelle avec une amie.

Le dimanche après-midi, j’aime faire du vélo, me promener et déjeuner avec mon mari.

En 2011, tu as été victime d’un grave accident. Alors que tu étais à pied, tu as été fauchée par une voiture.

J’ai pu dépasser cela, c’est réglé pour moi. Mais ce fut un tournant dans ma vie. Même en tant que pasteure, je regarde les gens différemment. Je sais maintenant concrètement combien la vie est fragile. J’ai passé un an et demi en revalidation, me demandant souvent si j’allais m’en remettre. J’ai reçu beaucoup de messages de sympathie, des cartes, des encouragements. C’est d’une grande valeur. Désormais, je vois les choses d’une autre manière, plus posément. Je relativise davantage et je m’énerve moins vite. Je suis devenue plus compréhensive. J’ai de la gratitude pour la vie.

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