Au sujet de : I Rois 19,9-12

A la fois chroniques et prophétiques, les livres des « Rois » revêtent une double finalité. Ils nous dépeignent les monarchies israélites tout en donnant la parole aux prophètes, même les plus obscurs, Ahiyya et la prophétesse Houlda. Ce n’est donc pas étonnant que les chrétiens les rangent parmi les livres historiques alors que dans la Bible hébraïque ils sont prophétiques. Les questions qu’ils soulèvent notamment la réprobation des positions politico-religieuses prises par les rois et la proposition d’un renouvellement sociétal trahissent la préoccupation d’une époque ultérieure postexilique. Samuel I & II et Rois I & II constituaient à l’origine un corpus appelé Règnes conçu comme une lecture religieuse de l’histoire. Le scribe des Règnes déploie un art littéraire florissant à l’époque, consistant en récits stéréotypés où l’humain apparaît au cœur de duels qui se jouent dans d’autres sphères. Placé à la suite de la compétition entre les prophètes de Baal et Elie, sur fond de luttes d’influences politiques, I Rois 19.9-12 s’intègre parfaitement dans cet univers littéraire convoquant l’histoire pour parler de l’indicible. Ce serait méconnaître l’art littéraire de la Bible que de lire la visitation d’Elie au sens littéral. Les événements tiennent lieu de support d’une réalité spirituelle et symbolique.

Jeanine Mukaminega

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